MISSA Francis dit “LEVEILLE” Francis
Missa est né le 28 février 1901 à Saint-Raphaël dans le Var. Il issu d’une famille
artistique. Son père Edmond Missa (1861-1910), élève de Maneret (Prix de Rome) était
compositeur de musique. Sa mère, issue d’une famille très bourgeoise, y était
surnommée la « Louise Michel », et c’est peut-être d’elle que Francis
Missa héritera de son orientation politique. Violoniste à Paris jusqu’en 1930,
il s’installe à Saint-Raphaël (commune dont est originaire sa mère) comme professeur
de violon. Dans cette ville, il créera une école de musique et une chorale. En
1936, il est nommé secrétaire des émissions radiophoniques de la station
Montpellier-Languedoc. Militant CGT et SFIO depuis 1919, il est aussi membre de
la ligue des droits de l’homme et de la Grande Loge de France (depuis 1933 à la
loge « le Niveau » de Saint Raphaël). Lors de son installation à Montpellier,
il s’inscrit à la section de la ville. Au-delà de son engagement socialiste,
c’est son militantisme maçonnique qui contribue à l’intégrer localement. Le 18
juin, il entend l’appel du général de Gaulle et cherche, sans succès à gagner l’Angleterre.
En Juillet, il est révoqué pour son appartenance maçonnique. Après une première
réaction individuelle (rédaction de tracts), il entre en contact début 1941
avec Liberté par l’intermédiaire de Louis Cauvet, lui aussi membre de la
section de Montpellier. Parallèlement, par l’intermédiaire de Jules Moch (ou
André Philip), il rencontre Pierre Stibbe qui cherche à développer Libération-Sud
dans la région. Membre des deux organisations, il opte alors définitivement
pour la deuxième, jugeant Combat trop à droite. Adjoint de Pierre
Stibbe, chef régional, il lui succède au départ de celui-ci en novembre 1942.
S’appuyant sur ses connaissances socialistes ou maçonniques, il contribue au
développement de Libération qui devient le deuxième mouvement de la
région. En contact avec Louis Trégaro, il assiste Libérer et Fédérer dont
il distribue le journal et qu’il aide financièrement. Parallèlement, il soutient
le développement de Franc-Tireur dont il est l’un des premiers
correspondants. Au titre de responsable de Libération-Sud en R3, il
intègre le directoire des MUR (qui devient par la suite le MLN) à
la création de celui-ci et pousse Franc-tireur à nommer Henri Noguères (SFIO)
comme son représentant dans cette institution pour contrer le poids des
communistes. Malgré son ancienneté résistante, il n’obtient pas la présidence
de cet organisme, face à l’opposition de Combat mais aussi au faible soutien
apporté par sa direction nationale. C’est finalement Gilbert de Chambrun qui
obtiendra cette direction, engendrant une lutte d’influence féroce entre
socialistes et communistes. H. Noguères et F. Missa obtiendront ainsi que de
Chambrun ne devienne pas le futur commissaire de la République puis la reconnaissance
du PS au sein du Comité régional de Libération. Néanmoins, malgré l’appui de la
direction des CFL et du chef régional FFI, les socialistes se sentent
progressivement mis en minorité et quittent le directoire pour obtenir une
affiliation directe au réseau action R3 du DMR. Si son travail résistant
s’appuie sur le parti, son contraire est aussi vrai. Francis Missa cumule
engagement partisan et résistant. Membre du CAS dès son origine, il joue un
rôle important dans la reconstitution du parti dans la région Languedoc.
Responsable régional du CAS dans la région R3 (Gard, Hérault, Aude, Aveyron,
Lozère, Pyrénées-Orientales), il est membre du comité directeur du parti qu’il
représentera par ailleurs au sein du Comité Régional de Libération. En novembre
1944, il est membre de la commission de vérification des mandats au Congrès
national extraordinaire de novembre 1944, comme représentant du Comité
zone-sud. Personnalité
importante du PS régional, Francis Missa va néanmoins quitter la région en
novembre 1945 pour assumer ses nouvelles fonctions d’inspecteur général de la radiodiffusion.
Sa carrière professionnelle et politique est, à l’issue de la guerre,
principalement consacrée aux médias. Dès septembre 43, F. Missa et Louis
Noguères avaient été chargés par le comité directeur du MLN et le GPRF
d’organiser clandestinement la radio. C’est ainsi que Francis Missa sera à
l’origine du réseau « Chaîne Duvernois » chargé de la mise en place d’émetteurs
clandestins susceptibles d’être utilisés lors de la Libération. En 1944, il
crée le Populaire du Bas-Languedoc, Rouergue et Roussillon dont il est
propriétaire (et directeur politique) et qu’il lèguera à la fédération
socialiste de l’Hérault lors de son départ en novembre 1945. Installé à Paris,
il inaugure ses nouvelles fonctions tout en assumant un rôle de conseiller
technique auprès des ministres socialistes. En 1946, il est membre du cabinet d’Albert
Gazier, Ministre de l’Information, avant d’être intégré comme conseiller
technique à la présidence du Conseil (Paul Ramadier). Inspecteur général de la
RF puis de la RTF, militant reconnu, il est candidat (non élu) au comité
directeur en 1955 et 1956. En 1958, il devient conseiller au cabinet de J. Le
Troquer, président de l’Assemblée nationale. La même année, il opère un
rapprochement avec les minoritaires du parti, même s’il ne les suit pas au PSA.
Administrateur d’État d’Havas, RMC et de la SOFIRAD, il décide de prendre sa
retraite en 1968 (suite à un congé spécial). Francis Missa restera
administrateur de Technisonor dont il est actionnaire. Résidant désormais dans
sa ville natale, il continuera à militer, que ce soit au sein de l’association
des résistants de la RTF dont il est le président fondateur ou dans la Franc-maçonnerie.
Membre depuis l’origine de la même loge, il en devient un haut gradé (31e en
1951, 32e en 1954, 33e en 1989). Il est à noter que
Francis Missa a été, parallèlement, un temps membre du Grand orient de Villefranche
de Rouergue à l’initiative de Paul Ramadier qu’il avait côtoyé en 43-44 dans la
résistance et le CAS. Par ailleurs, il a été à l’initiative d’une fraternelle
de la radio. Le 20
octobre 1992, Francis Missa s’éteindra dans sa ville natale de Saint Raphaël. Francis
Missa était commandeur de la légion d’honneur, titulaire de la croix de guerre avec
palme, médaillé de la résistance. Archives
: SFIO Dossiers Hérault, archives de l’OURS. Bulletin Intérieur, n° 80, 87.
Lettres de M. Edmond Missa à l’auteur des 17/09/1997 et 07/03/2001. Archives
IHTP : 72 AJ 42, 72 AJ 47, 72 AJ 48. Archives départementales de l’Hérault : 91
J 15, 172 W 56. Bibliographie
: Gilbert de Chambrun, Journal d’un militaire d’occasion, Avignon,
Aubanel, 1982 ; Laurent Douzou, La Désobéissance, histoire du mouvement
Libération Sud, Paris, Odile Jacob, 1995 ; Marie Granet et Henri Michel, Combat,
Paris, PUF, 1957 ; Daniel Mayer, Les Socialistes dans la résistance,
Paris, PUF, 1968 ; Henri Noguères, Histoire de la résistance, 4 tomes,
Paris, Robert Laffont, 1967-76. Olivier Dedieu |